Discours de Théodore Monod, affiché à Dakar
“Chers amis de tous les pays, je viens d’avoir il y a peu 83 ans et malgré cet âge vénérable, je n’ai jamais considéré que ma mission avait pris fin. Par mission j’entends la tâche à laquelle j’ai consacré 60 ans de ma vie, celle d’unir les peuples au delà des barrières géographiques et des différences culturelles. On me qualifie souvent d’aventurier et d’humaniste. Je ne sais pas réellement si j’en suis un mais je peux vous dire ceci : en étant curieux de rien, on ne rencontre jamais personne ! En voilà une vérité absolue ! Actuellement je déplore que plus aucun explorateur ne soit attentif aux autres. Tout est question de performance, de médiatisation et tristement très peu d’ouverture à autrui.
Lorsque j’étais plus jeune, je me suis un jour cassé les deux jambes en tombant dans un précipice au fin fond du Cameroun, dans la région la plus isolée qu’on puisse imaginer. Heureusement un groupe de chasseurs Peuls m’a trouvé et soigné jusqu’à ce que je me rétablisse. Je n’ai plus jamais été capable de me débrouiller seul à partir de ce moment-là et j’ai toujours considéré les autres comme une source d’enrichissement personnel et humain. Je tiens à souligner aussi que durant mes pérégrinations du Sahara jusqu’aux forêts tropicales, personne ne m’a jamais dévisagé et je n’ai jamais rencontré d’hostilité où que ce soit que mes voyages m’aient porté.
Enfin, à tous ceux qui s’inquiètent de mon état de santé, je voudrais leur dire que même si ma vue n’est plus ce qu’elle était, rien ne m’évite de ne plus jamais repartir !